Quel est le rôle du design à l’heure de l’éco-conception ?

Catégorie :

UX/UI

Savoir-faire :

Service & Product Design

Publié le :

28

March

2023

Temps de lecture :

3 minutes

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Article
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Éco-conception
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UXUI
Ordinateur portable posé sur une bureau blanc à côté d'un vase contenant une feuille végétale verte
Article mis à jour le
26
April
2023

L’éco-conception a depuis quelque temps le vent en poupe que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les politiques RSE des grands groupes. Pourtant, elle reste largement sous-évaluée quant aux leviers que l’on peut actionner. Le Ministère de l’Écologie la définit comme suit : l'éco-conception consiste à intégrer la protection de l'environnement dès la conception des biens ou services. Elle a pour objectif de réduire les impacts environnementaux des produits tout au long de leur cycle de vie : extraction des matières premières, production, distribution, utilisation et fin de vie.

Il ne suffit donc pas, comme on l’entend encore trop souvent, de proposer un mode sombre et de limiter les images pour prétendre créer des interfaces éco-conçues. Je vous propose d’aborder ci-dessous comment un designer peut essayer d’intégrer l’éco-conception au sein de ses projets.

Pourquoi s’intéresser à l’éco-conception

Annuellement, l’empreinte du numérique serait l’équivalent de l’ensemble des vols civils mondiaux en termes d’émissions de gaz à effet de serre [1] [2], soit près de 4% des GES dans le monde, avec une croissance de 6% par an, ce qui est incompatible avec l’objectif d’un réchauffement de la température planétaire inférieur à 2°C. À lui seul, Internet représente environ 10% de la consommation d’électricité dans le monde. S’il était un pays, il serait le 3e consommateur mondial derrière les États-Unis et la Chine [3].

Le numérique, et sa promesse de dématérialisation (zéro papier, réduction des transport …), ne pourra donc être une issue qui s’il devient responsable et durable. Pour cela, il faut regarder comment se matérialise son impact.

Selon les chiffres disponibles de 2020 [4], ce sont la fabrication et l’utilisation de nos appareils qui ont le plus gros impact sur l’environnement, et assez nettement. Ils sont par exemple responsables de 64% de la consommation d’énergie du numérique, de 84% des émissions de gaz à effet de serre, de 91% de la consommation d’eau et de 79% de l’utilisation des ressources. Ce qui signifie que le non-remplacement, la réutilisation voire le recyclage de nos terminaux doit être une priorité.

Cela ne signifie pas que les infrastructures ou les data centers, les deux autres contributeurs du numérique, n’ont pas d’impact. Mais il est moindre, et dans la situation d’urgence que nous vivons, se concentrer sur l’utilisation produira de plus grands résultats plus rapidement.

Tableau des impacts du numérique sur l'environnement en France en 2020
greenit.fr

La responsabilité que nous portons, en tant qu’acteur du digital, est donc simple. Elle portera sur la conception de plateformes qui ne nécessitent pas d’acheter un nouvel appareil et n’affectent pas les performances des terminaux actuels ! On pourrait ainsi croire qu’il faut produire des sites et apps simplistes et austères, mais c’est là tout le rôle du designer d’aujourd’hui, de concevoir des interfaces engageantes et durables.

Design et éco-conception : des écrans plus économiques

Il existe différentes solutions afin de concevoir nos écrans en limitant leur impact sur l’environnement.

Nous pouvons choisir de limiter les animations, les vidéos et les images pour les utiliser seulement sur les éléments clefs tout en s’assurant qu’elles sont optimisées. Globalement, il va falloir faire la chasse au superflu et favoriser la mise en place de texte ou d’icônes. Tout l’enjeu des designers sera de ne pas sacrifier l’expérience et l’esthétique, les contraintes favorisent la créativité. Par exemple, une image de 800px de large est largement suffisante pour illustrer une page, et si une vidéo est nécessaire, désactiver l’auto-play est une bonne pratique, le streaming étant un des plus gros consommateurs de bande passante.

Ce travail de priorisation doit se faire également sur tous les contenus, il faut favoriser les éléments essentiels au sein des pages et des parcours. Le fait d’être dans une démarche mobile first peut aider dans cette priorisation. En effet cette approche implique de se concentrer sur les éléments essentiels, de prendre en compte les contraintes de bande passante et de penser des fonctionnements offlines.

Site web yuba.world, noté A sur ÉcoIndex avec le score de 83/100
Site web yuba.world, noté A sur ÉcoIndex avec le score de 83/100

La mise en place du mode sombre peut également avoir un impact sur la consommation – et donc la durée de vie – des écrans. Hélas, cela ne concerne que les écrans OLED – qui utilisent des diodes organiques qui s'éteignent lorsqu'elles affichent des couleurs noires – et l’efficacité reste limitée et dépend de la luminosité initiale de l’écran. Surtout, il faut éviter les pseudo modes sombres, sur des fonds bleu nuit par exemple, qui, s’ils sont très esthétiques, ne permettent pas aux diodes de s’éteindre.

Une approche se concentrant uniquement sur les écrans risque cependant de s’avérer insuffisante, la mise en place d’une approche Green IT est nécessaire et il faut également repenser les services à l’aune des besoins.

Se recentrer sur les besoins clés pour des designs éco-conçus

La fonctionnalité, le service ou la page la plus économique est celle ou celui qui n’existe pas. Il est primordial de se recentrer sur les besoins clés afin de concevoir les éléments y répondant. On estime que la règle du 80-20 s’applique aussi aux fonctionnalités des sites et applications, à savoir que 80% des features existantes ne sont jamais ou alors très rarement utilisées [5].

Le designer est justement en mesure d’étudier les besoins des utilisateurs / clients et de connaître les objectifs business afin d’identifier les propositions à forte valeur ajoutée. La mise en place d’observations in situ, d’interviews ou de focus groups permet de recueillir ces besoins et attentes.

Grâce à ces informations, le designer va pouvoir identifier les moments clefs où une fonctionnalité ou un service vont être nécessaires et apporter une plus-value. A contrario, il est en mesure d’identifier ce qui est superflu, peu utile ou peu efficace.

Site dalkia.fr, qui met en avant son côté green, quite à surjouer le design simpliste

La définition de personas et des user journeys complètes va permettre de visualiser le parcours réel et de réaliser ce travail d’identification des éléments clefs. De plus, il s’agit d’outils particulièrement efficaces pour communiquer auprès des autres acteurs du projet et des décideurs afin de converger vers une approche plus responsable.

Le designer joue alors un rôle clef à la fois d’expert, mais aussi d’intermédiaire entre les différents acteurs.

Jouer le rôle d’intermédiaire pour favoriser l'éco-conception

Par son rôle au sein du projet, le designer est à même de porter ce sujet de l’éco-conception et également d’évangéliser les différents acteurs.

En plus des outils évoqués précédemment, le designer peut intégrer l’éco-conception dans les réflexions lors des différents ateliers qui vont permettre de concevoir le service.

Il est aussi un interlocuteur des différents acteurs du projet (PO / PM, IT, sponsors…) et il peut échanger avec eux autour de l’éco-conception et des problématiques qu’elle peut soulever.

En effet, une approche purement centrée sur le design étant insuffisante, l’éco-conception doit être prise en compte dans tout le projet tant sur les aspects les plus techniques que ceux business. Les pages sont-elles optimisées ? Est-il nécessaire de stocker ces données ? Cet objectif est-il raisonnable ? Est-ce que le modèle économique est lui aussi responsable ?

Ce questionnement doit être complet et il ne faut pas hésiter à rechallenger la proposition initiale. Il est parfois nécessaire de reposer le problème initial et de reprendre le travail de conception pour imaginer de nouvelles solutions véritablement éco-responsables.

Conclusion : design et éco-conception, le couple gagnant

L’éco-conception est plus que jamais un impératif dans les projets. En premier lieu, et c’est évident, elle est bénéfique d’un point de vue écologique en limitant le renouvellement des appareils et la consommation des terminaux et des data centers. Mais l’éco-conception sera également bénéfique côté business, en apportant vitesse et pertinence aux plateformes débarrassées du superflu, et aussi parce qu’il s’agit d’un élément de décision pour de plus en plus d’utilisateurs et clients.

Les designers sont naturellement au centre de l’éco-conception et ils peuvent faciliter cette transition nécessaire vers un modèle plus soutenable. Ils disposent des outils et du rôle central nécessaires. Charge à eux de prendre à cœur ce sujet.

Sources :

[1] https://theshiftproject.org/

[2] https://www.ademe.fr/

[3] https://presse.ademe.fr/wp-content/uploads/2022/01/DP_Numerique-responsable-190122.pdf

[4] https://www.greenit.fr/wp-content/uploads/2021/02/2021-01-iNum-etude-impacts-numerique-France-rapport-0.8.pdf

[5] https://wraltechwire.com/2020/01/28/pendo-study-with-80-of-features-not-used-software-execs-re-evaluating-success-metrics/

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Yann Ruello

Content Innovation Director, chez Orange

Guillaume Goris
Guillaume Goris

Senior Manager lead Design

Passionné par l'expérience utilisateur, Guillaume est expert en études utilisateurs, ateliers de conception, maquettage et méthodologie de Design. Il a notamment travaillé pour le Crédit Agricole Assurance, Knauf, Disney ou Infogreffe.

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